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Monterblanc
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Thème
Familles

Monterblanc: rencontres à l'épicerie sociale

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« Cela fait du bien de rencontrer ces dames quand on a passé une semaine de m... et qu'on n'a pas de tune !»
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Toutes les associations l'ont souligné : la demande d'aide alimentaire s'est accrue au cours de cette année 2020. À une baisse constante des ressources des ménages, s'est ajoutée la crise sanitaire avec ses conséquences sur les conditions de vie des familles, et de nouvelles incertitudes sur l'emploi. À l'épicerie de Monterblanc, les trois bénévoles de service accueillent, chaque samedi, vingt familles qui n'ont aujourd'hui d'autre choix possible que d'en être les bénéficiaires.

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Située à la périphérie de Vannes, l'épicerie sociale, mise en place par l'équipe locale de Monterblanc, en partenariat avec les services sociaux et municipaux du canton, assure à 64 personnes dont une trentaine d'enfants, l'essentiel pour vivre pendant une semaine. La situation sanitaire, en cette période de Covid 19, a transformé son fonctionnement mais les bénévoles tiennent à garder la qualité du lien avec les personnes. En milieu de semaine, les familles sont contactées par l'une d'entre elles de manière à évaluer les besoins concernant les denrées de base, en tenant compte des droits définis en amont avec un travailleur social. Le vendredi trois ou quatre bénévoles préparent les colis qui seront remis le lendemain.

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L'accueil commence à 9 h 00 et toutes les dix minutes, les familles vont se succéder à l'épicerie.

 Des célibataires, comme Julie*, jeune stagiaire en art-thérapie dans un établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ephad). Souriante, elle ne se plaint pas, mais pense plutôt à sa maman en difficulté qui n'ose pas contacter le centre communal d'action sociale (CCAS) de sa commune pour ne pas être montrée du doigt. Julie exprime sa confiance dans l'avenir, compte sur la réussite de la formation dont elle parle avec passion et espère être elle aussi en mesure un jour d'apporter son aide comme elle l'a déjà fait.

C'est aussi Kévin*,en recherche d'emploi dans la restauration, incapable de masquer une santé fragile. Alors qu'il avait encore le moral le 14 novembre, ce 21, il est consterné : pôle emploi vient de lui supprimer le revenu de solidarité active (RSA)  pour avoir omis de répondre à un rendez-vous : « J'ai demandé des courriers papier et l'on me contacte par internet dont je me sers peu. » En attendant que sa situation se régularise, Kévin vivra durant plusieurs semaines sans ressources.

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Témoignage Julie
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Ce sont des retraités : Josiane* qui n'aurait jamais imaginé que sa retraite débute par une diminution de moitié de l'Allocation logement, passée de 320 à 150 € la faisant basculer dans la précarité : « Avec 700 € de retraite, je l'ai senti tout de suite... je cuisine différemment et je regarde davantage le prix de ce que j'achète. » C'est aussi Armand qui se souvient de sa carrière dans l'informatique et la finance et qui dresse avec un certain ressentiment, un panorama pessimiste de la situation actuelle.

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Ce sont aussi des pères et des mères de famille. Certains sont pressés, d'autres s'attardent davantage. C'est le cas de Sandra* qui raconte : son conjoint et elle ont quitté un logement HLM en zone périurbaine pour acquérir une maison à la campagne, avec l'espoir de gagner en tranquillité. Le rêve se révèle être une passoire énergétique, nécessitant de nombreux travaux mal évalués lors de l'achat et se traduit par une régularisation de 2000 € d'électricité. Quand la voiture, dont ils ont besoin pour se rendre à leur travail, rend l'âme, c'est la catastrophe. Le couple doit s'endetter pour en acheter une autre et n'arrive plus à faire face. La voiture est saisie par l'organisme de crédit mais le couple doit encore lui verser des mensualités de 200 €. Les parents de monsieur achètent un autre véhicule et c'est encore 300 € par mois qu'il faut rembourser. Sandra craque, ne dort plus, sombre dans la dépression, et se retrouve en arrêt maladie. Elle qui n'avait auparavant jamais demandé d'aide, consulte un travailleur social qui l'oriente vers l'épicerie le temps que la situation de la famille s'améliore. Elle se demande aujourd'hui: « Qu'est ce que l'on a fait pour en arriver là ? »

C'est Brigitte, cinquantenaire, chercheuse d'emploi, dont le mari travaille... mais seulement 2 h 30 par jour. Le budget du couple ne permet pas les fantaisies. La voir quitter l'épicerie en chargeant dans sa voiture une poussette interroge : « C'est pour ma petite fille, explique-t-elle. Une de nos filles, mère célibataire, est revenue vivre à la maison et n'a pas les moyens d'en acheter une neuve. Les bénévoles de l'épicerie m'ont dit qu'ils pourraient en trouver une. C'est vrai et elle est comme neuve ! » Quelques minutes plus tard Brigitte revient apporter une participation à ce service rendu. et remet aux bénévoles le triple de ce qui lui était demandé.

(Ecouter aussi le témoignage de Clémence*)

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Témoignage de Clémence
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Ce sont encore des mamans isolées telles ces trois voisines qui pratiquent le covoiturage et se sont découvertes par l'épicerie durant le premier confinement. « C'est un souffle d'optimisme qui arrive avec elles, témoignent les bénévoles, elles ont toujours un mot gentil ! » Elles partagent beaucoup de choses, en particulier le fait d'avoir fait l'expérience d'une rupture dans le couple et de se retrouver seules en charge des enfants. L'une d'elle a abandonné un commerce qu'elle avait créé pour suivre son conjoint à l'étranger où rien ne s'est passé comme elle l'avait imaginé. Dix années plus tard, elle quitte celui qui « lui a vendu du vent », et se retrouve aujourd'hui sans emploi avec quatre enfants à charge. Toutes les trois se sentent fortes de l'amitié qui les lient et de l'entraide qu'elles ont mis en place en partageant leurs dons. Ce sont elles qui disent le plus explicitement ce que leur apporte l'épicerie sociale. Elles y trouvent bien sûr les denrées dont elles ont besoin, auxquelles s'ajoutent des produits frais, viande, yaourts, légumes en fonction de la collecte de la banque alimentaire de Vannes et parfois des friandises lorsque des dons imprévus le permettent.

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Mais ce qui prime, c'est la rencontre avec les bénévoles qui, entre deux sacs à remplir, prennent des nouvelles de chacun, font le point sur des démarches en cours, s'inquiètent de ce qui peut faire défaut, anticipent sur les semaines à venir et pour l'heure, de ce qui pourra améliorer le Noël des familles. Christelle* jeune maman de deux grands lycéens, l'affirme clairement : « Cela fait du bien de rencontrer ces dames quand on a passé une semaine de m...e et qu'on n'a pas de tune. » (Ecouter son témoignage)

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Témoignage de Christelle
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On resterait des heures à partager l'expérience de Christelle et de ses amies, mais ce sont elles qui n'ont pas le temps. Christelle doit se rendre à Rennes où elle va aider la famille d'un jeune autiste à conserver sa place dans le centre où il se trouve.

 

Il y avait du soleil ce samedi 21 novembre, à  Monterblanc.

 

* Les prénoms ont été changés à la demande des personnes.