Le visiteur de l'Avent
Cette année, comme chaque année à cette période d’ailleurs, le grand « maître » m’a confié une mission, celle d’aller prendre le pouls des hommes. Au fait, je ne me suis pas présenté, je m’appelle Gabryel, oui, comme l’autre, le grand, celui qui fut envoyé un jour chez une certaine Marie. Mais cette histoire, vous la connaissez, et ma mission est plus humble. Pour répondre à l’invitation de mon « chef », je me suis rendu dans trois équipes du Secours Catholique, du Morbihan. « Ne fais pas de jaloux, m’a-t-il précisé. Dans ce diocèse il y a trois animatrices, alors tu choisis une équipe dont chacune s’occupe. » Renseignements pris, il s’avérait que de nombreuses équipes organisaient des goûters ou repas de Noël. Y participer m’a semblé une bonne façon de rencontrer les bénévoles et les personnes qu’ils accueillent.
Sous la protection de Notre-Dame de L’Oust et l’œil parfois curieux des passants, une vingtaine de personnes étaient présentes à la salle paroissiale pour un goûter amélioré. Pendant le temps d’accueil, animé par Mireille l’animatrice, chacun se présente et les habitués font la connaissance de Kévin dont c’est la première rencontre avec le groupe. Pour la suite, nous visionnons un film de saison, en l’occurrence l’amusant « La Bûche » de Danièle Thompson. Je note la présence du père Yves, le curé de la paroisse opportunément là pour expliquer le fonctionnement de la vidéo. Puis c’est le goûter durant lequel, entre les échanges, Damien se révèle un surprenant chanteur, au répertoire très régional et la complainte de Carentoir qu’il interprète, plaît à l’ensemble de la compagnie. L’ambiance est chaleureuse et l’humeur joyeuse. Je me fais la réflexion que Kévin trouvera vite sa place dans un groupe aussi sympathique.
Un peu perdu, je téléphone à Céline, l’animatrice du territoire Ellé-Scorff, qui me renseigne sur le lieu exact de ce prometteur « repas-cabaret » de Noël et c’est au milieu d’une certaine effervescence que j’arrive. La salle communale a été investie par près de quarante acteurs des équipes locales du Secours Catholique de Plouay, Le Faouët, Gourin, et Guémené/Scorff. J’apprends que dès quinze heures, on s’affaire en cuisine pour préparer les plats du soir et je suis accueilli par un apéro où l’on consomme entre autre un jus sénégalais, le Bissap, qui semble avoir l’aval de tout le monde. Une invitation à échanger en petits groupes sur le sens que chacun donne à la fête de Noël rassemble les participants en petits groupes. J’aime entendre au milieu des réminiscences des plus anciens que pour cette jeune fille qui accompagne sa maman, Noël c’est la fête de l’Espérance. Avant de passer à table, nous sommes invités à danser un madison ; l’exécution laisse parfois à désirer, mais le cœur y est et ça crée l’ambiance.
Place ensuite au repas. Au menu : une soupe aux légumes ou au potiron… un régal ; un plat de crudités et divers toasts ou cakes salés ; puis salade et fromage, dessert et boisson chaude. Qui dit « cabaret » dit "animation". Ce sont les participants qui l’assurent en chansons et jeux divers. Mention spéciale aux équipiers de Kafé-Kaba, l’épicerie sociale itinérante pour leur panier garni et autres devinettes remue-méninges. Autre mention à l’équipe de Guéméné et à son quizz où l’on apprend que la reine de Guéméné est « l’andouille » et que le clocher a été construit à cinquante mètres de l’église, de là à penser que la reine pouvait en être l’architecte… ! Une belle fête où tout le monde est à l’unisson d’une joie communicative.
À la salle du presbytère d'Arzon m’attendent, comme à Malestroit, les habitués du mardi après-midi. Aujourd’hui, pas de jeux mais un repas de gala en présence du père Raoul qui met gentiment le local à la disposition de l’équipe. Chacun y a mis du sien pour la préparation. Des canapés salés aux délicieuses pâtisseries en passant par une fine aumônière au saumon et une copieuse raclette, le repas s’avère digne des meilleures tables de la région. On a le temps de se confier et j’apprends de Jean-Do, mon voisin de table, les différents métiers qu’il a exercés, entre autre cuisinier, de Charles qu’il doit subir dans les jours qui viennent une opération importante et j’ai le plaisir de rencontrer Colette, la doyenne des bénévoles, qu’on est allé chercher à la maison de retraite pour qu’elle retrouve ceux dont elle s’est occupé durant de nombreuses années. Une tombola clôture un agréable après-midi et l’on envisage déjà les festivités à venir : la galette des rois et les crêpes de la Chandeleur.
Je termine ma mission après ces trois rendez-vous de la joie et de l’espérance. Dans une conjoncture négative et parfois angoissante, il existe des lieux plein d’humanité qui diffusent de la chaleur et participent au bien-être des personnes fragiles. Un regret, ne pas avoir pu raconter tout ce qui se passe dans la délégation à l’occasion de ces fêtes de Noël et de fin d’année. Merci à tous et joyeuses fêtes ; je cours faire mon rapport… un bon rapport.